Cher étudiant en médecine,
Le Ministre de l’enseignement supérieur, Jean-Claude Marcourt, t’avait pourtant prévenu avant d’entamer ces études. Tu as déjà dû passer un examen, spécialement conçu pour toi, avant même d’avoir l’autorisation de t’inscrire. Comme 82% de tes camarades, tu as raté ce test en inadéquation totale avec les études que tu entreprends. Ce test déguisé en aide à la réussite avait pour but de te décourager ; pourtant tu as décidé de te lancer dans ces fabuleuses études, et tu as eu raison de rester fidèle à ton choix !
Malheureusement pour toi, le Ministre n’en reste pas là. Tu es en blocus, l’esprit des fêtes de fin d’années est toujours présent et Jean-Claude veut t’aider. C’est d’ailleurs pour ça qu’il a fait ce décret de réorganisation des études de médecine : promouvoir ta réussite ! Enfin, disons plutôt cacher l’échec. Non, non ! Pas le tien, mais bien celui de sa politique de promotion de la réussite…
Alors que dans beaucoup d’autres premières années on te laisse la possibilité de repasser tes examens de janvier une seconde fois en juin et une troisième fois en 2nd session (août/septembre) ; le Ministre Marcourt, pour te faire réussir, a eu l’idée lumineuse de te placer dans une de ses trois listes à l’issue de tes examens de janvier, conditionnant la poursuite et la réussite de ta première année. C’est vrai, au fond : quatre mois pour s’adapter au système universitaire et à ton tout nouvel environnement, c’est quand même largement suffisant et permet une évaluation réaliste de tes chances de réussir ta première année. Mais on s’égare, là : revenons aux trois listes de Jean-Claude.
La première liste est celle où le Ministre te range parmi les gentils enfants. Tu as plus que 10/20 de moyenne pondérée, tu peux donc continuer tranquillement ta première année en médecine, c’est ta récompense.
La deuxième liste est celle des enfants que Jean-Claude tient à l’œil. Tu n’as pas répondu à ses attentes : tu te situes entre 8/20 et 10/20 de moyenne pondérée. Tu vas pouvoir continuer ta première année à l’Université, mais seulement si tu acceptes de suivre des cours de remédiation en plus de tes cours du second quadrimestre (fais pas comme si tu en avais beaucoup, t’es qu’en médecine). Avec un peu de chance, tu pourras même recevoir des conseils de réorientation ou d’étalement de la part de ton Jury. Ton Jury, tu sais qui c’est, bien sûr ? Ce sont ces profs qui te connaissent si bien dans l’auditoire où tu suis tes cours en vidéoconférence. Ne t’inquiète pas, nous sommes dans un pays libre, tu as le droit d’accepter ou de refuser leurs suggestions.
Par contre, si tu as moins de 8/20 de moyenne pondérée, Jean-Caude n’est pas content. Tu n’as pas été sage et Jean-Claude le sait très bien ! Ton Jury te fais deux propositions : soit tu changes d’études en te réorientant vers une autre filière d’études, soit tu étales ton année (tu fais ta première en deux ans en ne payant qu’un minerval). Et comme tu es dans un pays libre, tu peux carrément choisir entre les deux ! Pardon ? Tu voudrais continuer ton année normalement, comme ta pote à Solvay ou le mec en romanes à coté de qui tu as passé ton blocus en bibliothèque ? Non tu dois choisir entre arrêter médecine ou faire ta première en deux ans. Mais ne t’inquiète pas, si tu choisis de faire ta première en deux ans, le Ministre et ta faculté t’offrent des cours de remédiation pour combler les trous horaires. Parce qu’il est comme ça Jean-Claude : strict, certes, mais compréhensif et généreux. En plus tu as quand même 10 jours ouvrables (compter à partir de l’annonce des résultats) pour te décider. Que demander de plus ?
Peut-être espérais-tu trouver sous ton sapin une vraie politique d’aide à la réussite. En lieu et place de cela, le ministre joue avec tes premières années universitaires. Il aurait pu refinancer l’enseignement supérieur et t’offrir la possibilité d’avoir un plus grand nombre de professeurs et d’assistants à ta disposition lors des cours et des séances de TP. Faire en sorte que tu n’aies pas besoin de venir 40 minutes avant les cours pour être sûr d’avoir une place dans l’auditoire où le prof est présent et ne pas être relégué dans la salle de vidéoconférence. T’assurer une place en bibliothèque pour étudier via la construction d’auditoires et de lieux d’études adaptés. Mais non, Jean-Caude a préféré multiplier les barrières pour accéder aux études. Au lieu de t’aider dans ta réussite, le ministre a choisi de te condamner dès l’annonce de tes résultats en janvier.
Et demain, quelles filières seront touchées ? La réforme du paysage met en place toutes les conditions pour étendre ce système à d’autres études : la participation effective à la session de janvier devient obligatoire pour tous les étudiants de première année et tous les cours sont à présent organisés par quadrimestre.
La sélection, qu’elle soit à l’entrée des études supérieures ou en janvier, n’est pas la solution pour promouvoir la réussite. Si on veut diminuer le taux d’échec dans l’enseignement supérieur, il faut rendre la réussite accessible à tous par un encadrement adapté et suffisant : plus de professeurs pédagogues, plus d’assistants pour donner des séances de TP et des labos, la possibilité pour les étudiants de se placer en situation d’examens lors d’examens blancs organisés par les professeurs, un service d’aide à la réussite disponible et connu des étudiants,… Mais ces mécanismes ont un coût. Le définancement chronique dont l’enseignement souffre depuis plus de 40 ans ne permet pas cela. Pour permettre à chacun de s’épanouir dans l’enseignement supérieur, la FEF revendique un refinancement public de l’enseignement supérieur à hauteur de ses besoins. L’enseignement doit être une priorité et nécessite pour cela la mise en place de politiques ambitieuses et financées.
Les élections approchent, à ton tour de dire à Jean-Claude sur quelle liste tu le mets.
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