« J’avance vers l’inconnu. » Robin (nom d’emprunt), fait partie de ces rares diplômés en psychomotricité qui travaillent dans le domaine qu’ils ont étudié. Mais non sans angoisse. La non-reconnaissance de sa profession, l’illégalité de son exercice … « J’ai une épée de Damoclès au-dessus de la tête », confie le jeune homme de 23 ans. Pour autant, il ne renonce pas à son métier, à sa vocation. Mais pour combien de temps ?
Alors qu’il envisage de poursuivre des études, après l’obtention de son diplôme en juin dernier, Robin répond à une offre d’emploi au sein d’un centre multidisciplinaire. Quelques semaines plus tard, il intégrait l’équipe en tant que « psychomotricien », sous le statut d’indépendant.
Robin avance, incertain face à la problématique qui incombe à la psychomotricité, mais serein par rapport à son utilité : « Après trois bons mois de pratique professionnelle, je me rends compte que la demande est bel et bien là ! Des parents viennent me voir d’eux-mêmes, je reçois des prescriptions de médecins généralistes, neuropsychiatres ou encore pédopsychiatres, des enfants viennent me voir à la demande de psychologues, centres PMS, écoles, kinés, … Nous sommes donc bien reconnus sur le terrain ! »
Une profession reconnue par nombre de professionnels et paramédicaux. Notamment, précise Robin, pour son intérêt et son importance quant au développement de l’enfant. « C’est là l’une de nos spécificités, le psychomotricien s’intéresse à l’enfant dans sa globalité, en regardant où il en est dans sa motricité, son développement intellectuel, affectif, symbolique, … mais aussi dans son environnement, explique le jeune praticien. C’est dans la prise en compte de ces facteurs bio-psycho-sociaux que notre regard et notre réflexion prennent sens. »
Robin le sait, le centre qui l’emploie le sait, ses patients le savent, tout comme les autres (futurs) psychomotriciens et défenseurs de la profession. Au contraire du Conseil national des professions paramédicales (CNPP) – qui ne compte aucun professionnel de la psychomotricité en son sein – et de la ministre de la Santé, Maggie De Block – qui refuse l’évidence de cette profession dans notre système de soins de santé. « Ils ferment les yeux face à la réalité du terrain. »
Au vu des récentes déclarations politiques, Robin exerce actuellement la psychomotricité en toute illégalité. Il risque huit jours à trois mois de prison, et une amende pouvant aller jusqu’à 2.000 euros. Pourquoi ? Pour pratiquer ce qu’il a étudié et ce pourquoi il a été formé durant trois ans, qui lui permet de s’épanouir professionnellement et dont l’intérêt est prouvé. Pour le jeune homme, impossible à cette heure précise d’envisager l’avenir sereinement.
Pour la FEF, il est grand temps que les politiques cessent d’agir avec désinvolture dans ce dossier, et agissent de manière responsable. La décision de ne pas reconnaître la profession de psychomotricien arrive trop tard ! Robin, comme des centaines d’autres professionnels, ont été diplômés depuis l’ouverture de cette section. Et environ un millier d’étudiants sont actuellement en cours de cursus. Il est inconcevable de leur permettre de faire des études qui ne leur assurent aucun diplôme valable.
La FEF et l’UPBPF rappellent leurs revendications :
- L’autorisation de pratiquer pour tous les praticiens diplômés ;
- La reprise des concertations pour un statut paramédical (travaux du CNPP) ;
- Le maintien du bachelier paramédical en psychomotricité (établi sur le modèle européen)
Cet article est le troisième d’une série de témoignages. Face à la situation actuelle, la FEF, à côté de son rôle de représentation, veut aussi informer sur les conséquences des choix politiques qui ont été posés. Il est important pour nous de partager des expériences, des parcours de personnes – étudiants, professionnels, malades – qui sont aujourd’hui touchées par le manque de responsabilité dans la gestion de nos soins de santé. Vous trouverez donc dans les jours à venir, à la fois sur ce site et sur nos réseaux sociaux différents témoignages qui vous donneront un aperçu de la situation dramatique que nous dénonçons. N’hésitez pas à les partager !