Assistants en médecine surmenés : un danger pour tous
04/04/2023 -
Les représentants des étudiants en médecine de l’UCLouvain (AGW), de l’UMons (ORE) et de l’ULB (BEM), et la Fédération des Étudiants Francophones s’alarment de la situation des assistants dans les hôpitaux, contraints de travailler de longues heures au détriment de leur santé, de leur formation et de la qualité des soins donnés aux patients. Dans une situation de pénurie globale de médecins, il est urgent que nos gouvernements mettent en place des mesures structurelles pour garantir le bien-être des travailleurs des soins de santé, ainsi que celui de la population.
La signature de l’opting out, censée se faire sur bases volontaires afin de permettre aux assistants de dépasser le nombre d’heures prestées normalement autorisées, fait couramment l’objet de pratiques abusives. Selon une récente enquête du SPF santé, 28% des assistants qui ont signé l’opting out dépassent les 60 heures de travail par semaine en moyenne, tandis que 55% de ceux qui ne l’ont pas signé dépassent les 48 heures. Ces heures excessives sont illégales et mettent en danger la santé des assistants, qui courent un risque accru de maladies cardiovasculaires, selon une étude de l’OMS.
Outre les risques pour la santé des assistants, l’abus de la pratique de l’opting out est plus qu’inquiétant, car elle permet aux hôpitaux d’utiliser les assistants comme une main-d’œuvre bon marché pour pallier la pénurie de médecins. Cette situation est d’autant plus inacceptable que les assistants sont là pour se former, et non pour remplacer des médecins. Ils sont souvent assignés à des tâches rébarbatives inutiles pour leur apprentissage, mais qui sont motivées par les objectifs rentables des hôpitaux. De plus, la qualité de la formation des assistants est gravement compromise par l’absence de temps de travail scientifique, ce qui rend leur formation théorique difficile, voire impossible.
Cette situation se reflète dans la qualité des soins aux patients, car les assistants sont souvent fatigués et soumis à des conditions de travail difficiles, ce qui entraîne des erreurs médicales. Rien ne peut justifier que 62% des assistants estiment avoir déjà mis des patients en danger à cause de la fatigue et des conditions de travail. En outre, un quart des assistants admettent ne pas avoir la formation ou l’expérience nécessaire pour gérer des cas difficiles de manière autonome, ce qui met en danger la vie des patients.
Alors que les études de médecine ont été au cœur des débats politiques et médiatiques ces dernières semaines, nos responsables ne peuvent plus nier la situation alarmante dans laquelle se retrouvent nos soins de santé. La ministre Valérie Glatigny elle-même reconnaissait en commission qu’il était regrettable que l’accès à la profession de médecin soit contingenté, alors pourquoi attendre ? Il est temps d’agir !
La FEF appelle à une réforme du système de santé, en particulier à une fin des quotas et de la sélection à l’entrée des études de médecine, afin de garantir suffisamment de médecins pour répondre aux besoins de la population, ainsi que pour protéger les droits et la santé des assistants. Les assistants ne doivent plus être traités comme une main-d’œuvre bon marché, mais comme de futurs médecins qui ont besoin d’une formation de qualité pour devenir des professionnels de la santé.