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Oraux : un modèle d’évaluations discriminant

Egalité - Discrimination

18.09.2020

L’enseignement supérieur n’échappe pas aux phénomènes de discrimination liés aux origines, à l’orientation sexuelle… ni aux impacts de leur perception (1). Dans la majorité des cas, c’est précisément au niveau de la cotation que les étudiant·e·s se sentent le plus discriminé·e·s (2).

L’enseignement supérieur n’échappe pas aux phénomènes de discrimination liés aux origines, à l’orientation sexuelle… ni aux impacts de leur perception (1). Dans la majorité des cas, c’est précisément au niveau de la cotation que les étudiant·e·s se sentent le plus discriminé·e·s (2).

 

Ces facteurs de discrimination sont évidemment particulièrement tangibles lors des examens oraux. À cela s’ajoute le critère « identificatif ». On peut facilement penser qu’un·e étudiant·e qui peut s’identifier à son examinateur·rice se sentira plus en confiance durant l’examen. Or, le manque de diversité du corps professoral (si on s’arrête au genre, les autres données n’étant pas ou peu chiffrées, on note par exemple que seulement 16% des professeur·e·s ordinaires sont des femmes(3)) ne garantit pas cette chance à toutes et tous.

 

La réussite d’un examen oral dépend, encore plus que celle d’un examen écrit, de l’appropriation de certains codes dans le chef de l’étudiant·e. À nouveau, l’utilisation d’un vocabulaire particulièrement soutenu permettra certainement une identification de l’examinateur·rice en l’interrogé·e. C’est par ailleurs un critère récurrent de la grille d’évaluation des examens. Or, il est avéré que le niveau linguistique d’une personne est corrélé à sa situation socio-économique (4). Si cette inégalité linguistique peut être masquée lors d’un examen écrit eu égard au temps dont dispose l’étudiant·e pour réfléchir à la formulation de sa réponse, il n’en va pas de même pour les examens oraux où les réponses se veulent plus spontanées et immédiates forçant, par conséquent, l’étudiant·e à privilégier le contenu à la formulation.

 

Dès lors, ce qui pose question, c’est l’organisation fréquente dans certaines filières d’examens oraux dès la première année d’étude. En effet, il faudra souvent plus d’une année aux étudiant·e·s dont le bagage culturel est plus léger pour s’adapter aux codes et aux normes de l’enseignement supérieur.

 

Lucas Van Molle

 

1 Sur ce sujet voy. not. Pasquale TURBIDE, Martyne BOURDEAU, La leçon de discrimination, Montréal, Radio Canada, 2006, 42 min., coul.
2 Voy. not. J-F. GIREC, F. BELGHITH, E. TENRET (dir.) Regards croisés sur les expériences étudiantes, Paris, La Documentation Française, 2019.
3 C. DU BRULLE, « 16% des professeurs ordinaires de nos universités sont des femmes », Daily Science, 2017.
4 Voy. not. M-A. THEPOT, Langagez-vous ! Acquisition du langage et inégalités sociales, Revue des Politiques Sociales et Familliales, 2014, pp. 69 – 74.